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28 Mar

La Collection du docteur Benjamin Pailhas

Bien avant que Jean Dubuffet n’invente la notion d’Art Brut en 1945, ce sont des médecins aliénistes qui dès la fin du XVIII ème et le début du XIXème siècle s’intéressent les premiers aux créations graphiques de leurs patients. Pour des raisons médicales pour certains, voyant dans cette expression pathologique un éventuel moyen de mieux appréhender les dérèglements de l’esprit humain. Pour des raisons artistiques pour d’autres, qui s’interrogent sur l’origine du processus de créations, et comparent ces productions spontanées à celles de certains artistes contemporains.

C’est le cas du psychiatre, amateur d’art Hans Prinzorn en Allemagne et avant lui, en France, des docteurs Auguste Marie et Paul Réja (médecins à l’asile de Villejuif) qui collectent, étudient et exposent, dès 1901, des oeuvres d’aliénés. Paul Réja crée des liens entre les oeuvres des fous, les dessins d’enfants et les arts primitifs, il parle « des conditions intérieures susceptibles de mettre en oeuvre l’activité artistique », il publiera en 1907 un ouvrage de référence « L’Art chez les fous ».

A la même époque, dans le sud de la France, à l’asile de Braqueville (aujourd’hui l’Hôpital Marchant) à Toulouse, l’aliéniste Maxime Dubuisson (1851 – 1928), très proche de ses malades qu’il appelle « mes amis les fous », conserve précieusement, dès 1880, leurs productions graphiques dans des albums originairement destinés à ranger des photographies. Il fera de même avec des dessins de malades de l’hôpital de Saint-Alban en Lozère, où il exercera plus tard. Dubuisson est dans un attachement affectif par rapport aux dessins de ses patients, il se contente de les conserver ne prenant pas la peine de noter quoi que ce soit sur leur auteur. Le seul qui soit identifié et connu, c’est Auguste Forestier, dont les sculptures d’animaux fantastiques et les dessins sont dans toutes les bonnes collections d’Art Brut.

Maxime Dubuisson entretien des relations étroites avec son confrère et voisin, le docteur Benjamin Pailhas né à Castayrols (tarn) en 1862. Ce dernier durant toute sa carrière de médecin aliéniste à l’Hospice du Bon Sauveur d’Albi collectionnera, également, les créations des malades dont il a la charge. Tout deux sont proches du Docteur Auguste Marie, tant par leur intérêt pour l’expression des fous, que pour l’attention qu’ils leurs portent, faisant leur possible pour améliorer leur quotidien. Benjamin Pailhas contrairement à Dubuisson, classe les oeuvres en fonction des pathologies, les répertorie et donne des éléments biographiques sur leurs auteurs. Il envisage même la création d’un musée destiné à sa collection, au sein de l’hospice. Il écrit à la direction de la Fondation du Bon Sauveur en 1908 « J’ai l’honneur de proposer au congrès d’émettre un voeu en faveur de la création, quelque part, d’un musée ou d’une section de musée réservée à des manifestations d’art, émanant de nos aliénés ».
Sa demande n’aboutit pas et son projet ne verra le jour que cent plus tard, avec la création du musée Benjamin Pailhas sous les caves voûtées de la Fondation albigeoise.

« Cette collection se compose de sculptures, dessins, broderies, objets et outils créés par des malades mentaux internés à l’asile du Bon Sauveur au début du XXième siècle. Réalisées entre 1900 et 1936, elles concernent au moins 26 auteurs.
Les sculptures présentent une diversité des plus étonnantes :
L’essentiel des matériaux utilisés sont des matériaux de récupération, détournés de leur fonction première, comme la pierre, le galet, le plâtre, les os ou la brique. On y trouve aussi des personnages en mie de pain.
Des créations proches de l’Art Brut :
Le caractère spontané et la simplicité des matériaux utilisés permettent d’apparenter ces oeuvres au courant de l’Art Brut constitué par Jean Dubuffet à partir de 1949. »

Natif de Toulouse, Jean-Étienne Esquirol (1772-1840) est lui le père de l’organisation de la psychiatrie française et donne son nom à la loi de 1838, qu’il a défendue et qui dote chaque département français d’un asile d’aliénés spécialisé, tout en accompagnant leur laïcisation (pour les privés dans un premier temps), bien que beaucoup d’établissements restent jusque tard dans le xx siècle liés à des congrégations religieuses, à l’exemple de celui de Saint-Alban.

Ce n’est cependant qu’à la fin du XIXème siècle que se manifeste à nouveau l’intérêt de quelques médecins locaux pour une psychiatrie plus humaine, qui prenne même en compte pour la première fois les créations réalisées par des malades. Si Benjamin Rush (1746-1813), fondateur de la psychiatrie américaine, rassemble dès 1812 des œuvres de ses patients, pendant les décennies suivantes peu de médecins y mettent une réelle ardeur.

À Albi, le docteur Benjamin Pailhas (1862-1936) est l’un des premiers en France à s’intéresser aux créations de « ceux dont l’éducation était demeurée fruste », dès la toute fin du siècle. Directeur de l’asile privé du Bon Sauveur entre 1899 et 1930, il collecte les œuvres mais aussi les outils produits par ses patients; et suggère, dès 1908, l’ouverture d’un musée pour exposer les 38 cahiers, 87 planches de dessins, 386 sculptures et broderies des quelque 30 auteurs qu’il a réunis, parmi lesquels Charles Jauffret, surnommé ensuite par Jean Dubuffet « le peintre d’enseignes de Revel ». Dans les écrits qu’il publie sur le sujet, il fait même des parallèles avec l’art de son temps en prêtant aux œuvres collectées des influences symbolistes et impressionnistes.

Cette collection est une des très rares à avoir été conservées sur le lieu même de leur réalisation.

Les débuts de l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban…

En 1821, le frère Hilarion Tissot rachète pour une bouchée de pain le château de Saint-Alban au dernier des Morangiès. (Un siècle plus tôt, cette même famille Morangiès prenait part à la quête de la Bête du Gévaudan…

Tissot a pour idée d’y installer les femmes hystériques internées dans des conditions pitoyables dans la Tour d’Aygues-Passe à Mende. Avec l’aide de religieuses de Marseille, le projet voit le jour. Mais humaniste plus que gestionnaire, Hilarion Tissot est vite ruiné… Ainsi, c’est le préfet de la Lozère qui rachète le bâtiment pour y implanter l’asile départemental.

Tosquelles et la psychothérapie institutionnelle

Jusque dans les années 30, l’asile est vétuste. En effet, les patients et le personnel évoluent dans des conditions rudimentaires, sans eau ni électricité. Ce n’est qu’en 1933, avec l’arrivée à la direction du docteur Agnès Masson que des travaux sont entrepris avec toujours le même objectif : améliorer les conditions de vie des patients.

En 1940, fuyant le régime de Franco, François Tosquelles, psychiatre espagnol arrive à Saint-Alban-sur-Limagnole. C’est le Docteur Paul Balvet qui l’y accueille. Alors redevenu simple infirmier, il devra repasser tous ses examens de médecine. Mais durant tout ce temps, il s’évertuera à transformer l’hôpital (on abandonne le terme “asile“) en un lieu ouvert, tant au niveau des patients que des idées. En cette époque troublée, les conditions de vie sont rudes, et il enverra les patients travailler aux champs des agriculteurs, qui les rémunèrent alors en denrées et provisions. L’hôpital deviendra un lieu d’appui pour les opérations de la Résistance locale et de refuges pour les intellectuels fuyant l’oppression. Ainsi Paul Eluard séjournera quelques temps au sein même de l’hôpital. Il écrira, suite à cette expérience un recueil de poèmes : « Souvenirs de la Maison des Fous ».

François Tosquelles marquera profondément l’histoire de l’hôpital en posant les bases de la psychiatrie moderne à travers la « psychothérapie institutionnelle ». Soigner par le lieu.

L’isolement géographique de la Lozère a joué sur plusieurs plans. Le folklore, dont on a souvent oublié le rôle dans la modernité, loin du passéisme, imprègne les populations locales.
Cette histoire berça d’ailleurs l’enfance de Lucien Bonnafé, futur médecin de Saint-Alban et initiateur de la Société du Gévaudan, qui réunit psychiatres et intellectuels familiers de l’hôpital autour de discussions sur l’avenir de la médecine, la politique ou encore l’art.

Parmi les réfugiés qui arrivent à Saint-Alban, il y a François Tosquelles et Juan de Ajuriaguerra. Il y rencontrera ultérieurement André Chaurand, Paul Balvet, Frantz Fanon, puis Lespinoy. Bonnafé et ses amis fondent alors le Groupe du Gévaudan, qui deviendra un haut lieu de la résistance.

Tosquelles, lui, parcourt la région dès son arrivée en 1940 pour mieux comprendre ceux qui l’habitent. Surtout, « l’arrière-pays» est souvent le théâtre de grandes révolutions, comme l’affirmera le psychiatre et penseur de la décolonisation Frantz Fanon (à Saint-Alban entre 1952 et 1953) dans Les Damnés de la terre ».

40 000 malades mentaux meurent de faim dans les hôpitaux entre 1940 et 1944.

« Messianisme paysan» nourri de l’abandon des populations locales, la psychothérapie institutionnelle en a fait son terreau comme, au même moment, Célestin Freinet (1896-1966), fondateur de la méthode pédagogique qui porte son nom et étroitement liée à la ruralite, lui-mème engagé dans des coopératives agricoles (et qu’on retrouve dans le cadre de l’imprimerie installée à Saint-Alban, dans l’hôpital).

Il faut souligner que ladite pédagogie Freinet utilisée comme naming aujourd’hui n’est autre qu’un simule-âcre.

Au grand damne de ses travaux révolutionnaires, la pédagogie Freinet est recluse à l’école “caserne” destituante qu’elle redoutait.

Nombre de ces classes sont tenues par des managers en herbe, formés à l’INSPE, devenus les coachs 2.0 d’une école à la dérive.
Les signifiants-maîtres de ces classes sont : les ceintures.
La ceinture, élevée comme fétiche, ceinture de comportement, ceinture des émotions, s’inscrit comme leitmotiv desdites Sciences de l’Education au chevet des thérapies comportementales et d’un enfant-cerveau ceinturé par l’angoisse de l’enseignant.

Des ceintures qui relèvent plutôt d’un hygiénisme et d’une camisole de force dite bienveillante.

On observera parmi les textes de ces influenceurs 2.0 le désuet de la démarche fascisante.

Une mascarade anxiogène de démarches managériales…