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#politique / #Autodafé symbolique ou l’Un-sans-dit societal / #psychanalyse #asociété

1 Juil

Au règne du semblant Tous-pour-Un Un-pour-tous, la figure d’un Plus-de-Jouir extatique, ex-étatique vient s’exposer comme-union solennelle des foules ventriloques des dits-semblables.

Quand la violence légitimée vient boucher le vide et l’insignifiance ?

La mascarade des uns-sans-dits, représentation victimaire des pénitents, vient transfigurer, comme l’écrit Pierre Larrouy, « une scarification du corps social ».

Au comble de l’autodestruction mystique, les biens communs sont anéantis sans ménagements, sans limites, sans bords.

Notre suprême contentement serait-il de voir défiler toutes les varités de la domestication de foules aliénées à la viralité de la machine et à sa virtualité ?

Les bonimenteurs ne tarderont pas à tendre leur sébile pour tenter de s’accaparer les bonnes graces et la plus-value de l’opinion en déroute.

Quand aux foules engastrimythes, elles donneront l’illusion d’une parole réifiée, alors qu’elle ne serait que dans l’impossibilité de sublimer leurs colères.

La terreur aux confins de l’insurrection, seule formation de compromis, s’installe dans une irruption cutanée intempestive et radicale.

La foule indéchiffrable, bête de somme des ressentiments, vient faire dresser l’oreille. Les inaudibles, les hors-champs, en rangs serrés, grondent.

« La foule satisfait dans une certaine mesure le goût qu’on a du désert. 1»

1- Hugo, V. (1869), « L’homme qui rit », bibebook, Association de promotion de la Lecture et de l’Écriture, p. 21.

#psychanalyse #agriculture #politique // Contraintes réelles, imaginaires et symboliques : soumis aux temps / Dévoration, pulsion orale et prédation

11 Avr

Le 6 avril dernier, Claude Breuillot, Docteur en psychologie, Référent Cellule de Pluridisciplinaire de Prévention MSA, membre du Laboratoire de Psychologie de l’Université de Besançon, a donné une conférence lors de l’Assemblée générale d’Agrisolidarité, à l’invitation de son Président Jean-Charles Blanchard et de son Vice-président Jean-Jacques Lahaye de la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire. La Revue Politique et Parlementaire en reproduit ici le texte.

À lire dans La Revue Politique et Parlementaire.


https://www.revuepolitique.fr/soumis-au-temps-bouleversements-environnementaux-et-angoisses-individuelles/

#psychanalyse #education #management ➡️ Un #fanatisme dit pédagogique ? #Freinet #Montessori

19 Mar

LOCCE ou l’Office Central De Cooperation À l’École ?

Les semblants de la #PédagogieCoopérative insignifiante et ses relents managériaux dévoyant la pédagogie #Freinet en une forme de contrainte par le techno-conformisme et la #GestionDesÉmotions / Atterré !!

Une #gestionDesÉmotions soutenue par les #SciencesCognitives et le #comportementalisme qui confinent aux dérives et passages à l’acte fascisants ?

Les affres de ladite #pedagogieFreinet ➡️ J’ai été témoin, à mon cabinet, d’enfants condamnés en fin de semaines en #ConseilDeClasse à une mascarade, #séduction managériale induisant la délation, le mouchardage et les règlements de compte, sous couvert d’un vernis démocratique infusé par les INSPE, Instituts de Formation intégrés aux Universités.

Des personnels de direction, au un-par-un, nouveaux #chargéclientèle dans un monde qui bouge ?

L’égalité comme #label ?
C’est de l’agri-culture ?

Non. Du #management ! #normeISO9001

« Favoriser l’enchantement client en développant des expériences remarquables »

L’oppression des classes explétives dites #Montessori ou #Freinet . « Je ne sais pas où poser les yeux. Du bazar partout. Derrière un idéal obsessionnel de boites et de classeurs, des enfants perdus dans une #gestion managériale impropre à leur sécurité psychique.

“Remplacanr, je découvre l’après-midi l’ordre sécuritaire infusant dans cette pédagogie. UNE HORREUR ! Au moment de prendre le bus pour la piscine, alors que je leur demande de ne pas utiliser les sièges du fond, l’un d’eux me tense: « Monsieur, il y a une liste. » Forcément, le formatage et la #gestion poursuivaient leur plus bel effet dans tout l’espace. Il fallait prévenir toute forme de conflit. Leur maîtresse était Àne-à-listes pédagogique… » ! J’ai découvert médusé le tableau des enfants chargés d’allumer et d’éteindre la lumière! SI SI ! La #tyrannie des protocoles !”

Sous prétexte de #coopération…La fameuse agilité…Ceux que j’observe dans ces postures sont des managers en herbe jusqu’aux oreilles..

Rien à voir avec #Freinet le communiste lecteur de #Marx ! Il avait ouvert l’école sur la vie, et comme d’autres, ont été utilisés comme packaging commercial.

#societe #agriculture #psychanalyse #sciencespo Chronique d’une mort annoncée? (Extraits)

14 Mar

Je tenterai aujourd’hui d’évoquer sans les nommer des situations du quotidien s’appuyant sur des histoires d’exploitants agricoles, de leur famille, de ces caractères bien trempés ancrés dans leur territoire, aux avant-postes du changement climatique mais aussi des changements sociétaux : je pense à la place donnée au bien-être animal, à celle donnée aux circuits courts, aux stratégies à élaborer concernant ce que certains nomment la guerre de l’eau,… Tous ces éléments viennent créer des contraintes parfois impossibles. Certains, en errance, marginalisés, n’arrivent plus à donner du sens à leur activité. Ils perdent alors l’assurance d’exister, d’appartenir à ce monde en mouvement. Le rythme et la performance peut les réduire à l’épuisement physique et psychique. Quels en seront les signes ? Existe-il une signalétique ? A côté de la « rationalité instrumentale » ou de la « rationalité stratégique » théorisées par Max Weber et incarnées par exemple par la maximisation de l’utilité propre à l’homo economicus ou à l’utilitarisme, il y a place pour uneécoute d’une réalité psychique.

Ces hommes et ces femmes vivent souvent d’aides sociales, dans une précarité indicible non seulement financière mais parfois psychique qui peut les rendre vulnérables aux traumatismes inconscients. Seulement la réalité est toute autre. Chaque exploitation peut traverser un moment de crise, un impensable, qui viendra interroger ses choix, les enjeux patrimoniaux, les successions, les transmissions, la place des enfants, la maladie, les divorces, les héritages conscients et inconscients, l’achat de terres devenues source de spéculation financière, les dettes qui s’accumulent,… 

 

Cérès (40 ans) et la dette symbolique.

Cérès est l’ainé de la fratrie, né dans une ferme, héritage d’une lignée paternelle d’agriculteurs. De la cour de la ferme aux haies environnantes, tout lui est familier. Les images « lui sont tantôt amicales, tantôt hostiles, selon qu’elles renvoient à un objet qui a apporté un soulagement de tension, ou au contraire à un objet qui a apporté une hausse de tension. » Comme certains naissent dans le désir inconscient de leurs parents de rester leur bâton de vieillesse, Cérès n’aura d’autre choix, pétrifié par la dette imaginaire et son emprise, que de rester à la ferme alors que ses frères et sœurs pourront se dégager de cette contrainte indicible. Il ne sait pas pourquoi. Est-ce le lien à son père ? à sa mère ? Le sentiment de culpabilité de les abandonner ? L’impossibilité de se séparer ? Il devint donc éleveur bovin d’un cheptel ne dépassant pas les 150 têtes. Il tenta de s’identifier à ce père qui ne prit jamais de vacances. À ce rythme, les compagnes de Cérès abandonnèrent le projet d’une vie de labeur centrée sur l’élevage bovin. Elles souhaitaient aussi avoir du temps pour élever leurs enfants. Il se retrouva rapidement seul, devant les responsabilités, le poids des impayés, les vêlages, seul face au vide.  Il travailla avec son père jusqu’à la mort de celui-ci. J’ai reçu Cérès pendant 20 ans, comme une sentinelle, un témoin du drame moderne que j’entendais s’écouler dans ses mots. La dette symbolique, c’est être en responsabilité de détenir les clés qui permettraient de perpétuer le lourd héritage. Pour que la ferme survive, il a fallu emprunter, s’endetter, louer des terres, agrandir les bâtiments. Cérès, confronté à l’angoisse de l’effondrement et à ses contaminations, se maintient à flot par un traitement antidépresseur. Pendant des années, il ne vécu que des mannes de la communauté européennes, justes suffisantes pour rembourser les emprunts. Après des années de déni, il lui fallut prendre des décisions, accepter la désillusion et les affres de devenir, sous le regard de ses collègues, un vaut-rien. Prisonnier du miroir, il traversa des années de doutes et d’idées noires. Ses sentiments écrasants de culpabilité se télescopent : être un mauvais mari, un incapable, ne pas savoir travailler sans la présence de son père à ses côtés et survivre à la  mort de celui-ci, rencontrer le comptable avec un sentiment de honte. Il tenta plusieurs fois de retourner la haine contre lui, haine de soi, haine des autres comme représentants de la violence intériorisée non symbolisée. Cérès, l’héritier, sombra dans la dépression au risque de terminer écrasé sous son tracteur, un jour d’été. Son corps lui échappait. Il semble anesthésié, « devenant intolérant à toutes les formes de stimulations sensorielles. » Dans d’autres situations, d’autres collègues auraient connu le déclenchement d’un cancer ou un accident cardiaque.

Tel Sisyphe, rattrapé par le réel d’une exploitation en mort anticipée, devenu fermier par procuration, il fut contraint à se séparer de son cheptel par groupes de 10 animaux. Il lui était impossible d’assumer leur perte en une seule fois, d’un seul trait. Le temps de la vente de l’exploitation sonna. Deux ans se déroulèrent pour préparer ce réaménagement psychique et professionnel, consentir malgré lui à sursoir aux désirs parentaux, pétri d’un sentiment d’échec insurmontable. Le sommeil se refusait à lui, soumis aux aléas du climat familial et des angoisses massives, fruits de ses pensées incidentes qu’il tentait de contenir à l’intérieur de lui, non sans s’épuiser à de tels aménagements. Tentant de conjurer la pulsion de mort, un glissement sémantique pouvait lui permettre de penser l’investissement d’un nouveau projet, décalé des investissements financiers.

#ХайдеггерЛакан #Фрейд #Бартокпсихоанализ / Вещь и война

24 Fév

Пороховой след или бомба замедленного действия? Эффект наслаждения, когда смерть стоит за дверью. Синяя Борода!

Психоаналитики могут перечитать его… в чувствительный момент неизмеримой встречи между близостью другого, его страданиями, его тревогами и воспоминаниями наших пациентов.

Когда сегодня утром пациент ушел, этот текст телескопировался вслед за этой невероятной и все же близкой встречей с войной и украинским маскарадом.

« Что такое близость, если она отсутствует, несмотря на сокращение самых больших расстояний до самых маленьких интервалов? Что такое близость, если она даже отвергается этими неустанными усилиями по устранению расстояний? Что такое близость, если в то же время, когда она ускользает от нас, отдаленность остается отсутствующей?

Что происходит, когда благодаря подавлению огромных расстояний все одинаково близко и одинаково далеко? Что это за однородность, в которой нет ни близости, ни дальности, в которой все, как бы, не имеет расстояния?

В потоке однородности без расстояний все сметается и путается. Что это? Не является ли это сближение в отсутствии расстояния еще более тревожным, чем разрыв всего сущего?

Человек не может оторвать свои мысли от возможных последствий взрыва атомной бомбы. Человек не видит того, что уже давно произошло: того, что произошло как то, что выбрасывает из мира атомная бомба и ее взрыв, но из чего это еще только последний выброс. Не говоря уже о той единственной водородной бомбе, первоначальной детонации которой, если подумать о ее самых отдаленных возможностях, может быть достаточно, чтобы уничтожить все живое на земле. Чего же все еще ждет это смятенное страдание, когда ужасное уже произошло?

Ужасает то, что лишает все прежнего бытия. Что это за вещь, которая вытесняет нас из самих себя? Оно проявляет и скрывает себя в том, как все присутствует: а именно в том, что, несмотря на все победы над расстоянием, близость того, что есть, остается отсутствующей.

Как же быть с близостью? Как постичь ее бытие? Близость, похоже, нельзя обнаружить сразу. Скорее, мы придем к ней, позволив себе быть ведомыми тем, что находится в близости. То, что мы привыкли называть вещами, находится в ней. Но что такое вещь? До сих пор человек рассматривал вещь как вещь не более чем близость.

Кувшин – это вещь. Что такое кувшин? Мы говорим сосуд: то, что содержит в себе другую вещь. Сосуд в кувшине – это дно и стенки. Этот сосуд можно держать за ручку. Как сосуд, кувшин – это то, что стоит само по себе. Стояние в себе характеризует кувшин как нечто автономное. Как « автономная позиция » (Selbststand) чего-то автономного, кувшин отличается от объекта (Gegenstand). Автономная вещь может стать объектом, если мы поставим ее перед собой, либо в непосредственном восприятии, либо в воспоминании, которое делает ее присутствующей. Однако то, что делает вещь вещью, не заключается в том, что вещь является представленным объектом; и эта « вещность » не может быть определена каким-либо образом из объективности объекта ».

Бременские лекции. Опубликованы на французском языке в 1958 году.

Хайдеггер, М. (1949), « Вещь », Эссе и лекции, Тел.

Эта Вещь, уточняет Лакан, есть « то, что из реального – понимая здесь реальное, которое мы еще не должны ограничивать, реальное в его тотальности, а также реальное, которое является реальным для субъекта […] – [эта Вещь есть] то, что из первозданного реального, скажем так, страдает от означающего ».

В « Этике психоанализа ».

#Барток и одноименная опера.

В 1940 году, спасаясь от нацистского режима, он поселился в Соединенных Штатах в тяжелых условиях и вместе с женой выступал с лекциями и концертами для двух фортепиано. Не добившись успеха, на который рассчитывал, уставший и обездоленный, он в крайнем случае получил поддержку Иегуди Менухина и Сержа Кусевицкого, которые заказали ему Концерт для оркестра. Измученный, он умер в возрасте 64 лет.

Замок Синей Бороды » производит неизгладимое впечатление благодаря огромной эффективности усиленной драматургии и грозному звуковому воображению. При полном отсутствии действия драма разворачивается в атмосфере таинственности и опасений, сопровождаемых гнетущим путешествием от двери к двери, каждая из которых открывается в мощно вызывающую музыкальную вселенную.

Шестая дверь скрывает озеро слез, а последняя дверь открывает прежних жен, живых, величественно представляющих себя в короне и украшенных драгоценностями. Синяя Борода передает Юдит тяжелый плащ, корону и драгоценности. Девушка в свою очередь исчезает через седьмую дверь, которая закрывается за ней, оставляя герцога в его непобедимом одиночестве.

« Люби меня, молчи, не задавай вопросов! » – умоляет Синяя Борода. Но юная Юдифь, входящая в мрачный дом своего возлюбленного, не слышит его. Очарованная темной и убийственной стороной любви, охваченная безумной иллюзией спасения любимого мужчины от трагедии, которую она подозревает, снедаемая любопытством и ревностью, она открывает семь дверей семи комнат, залитых кровью и слезами, от которых она хотела получить ключи.

Единственная опера Белы Бартока, созданная в Будапеште в 1918 году, мощно вдохновлена единственной оперой Дебюсси: « Пеллеас и Мелизанда ».

Пиранделло, великого драматурга, однажды спросили, что, по его мнению, является самой большой загадкой жизни в обществе. Он без колебаний ответил: « Отношения между женщиной и мужчиной ». Эта загадка далека от разгадки, и можно даже подумать, что в наше время она становится все гуще, с « удержаниями », « непризнанными согласиями » и « безнаказанными феминицидами »… А также со всеми джудитами из социальных сетей, которые « перерезают глотки » всем злобным холопам.

Автор либретто, венгерский писатель Бела Балаш, сохранил лишь квинтэссенцию сказки Перро: желание удовлетворить любопытство.

Бартоковская Синяя Борода – это не кровожадный муж из сказки, а человек с затаенным страданием. Мучения придут не от него, а от Юдифи.

Опера разворачивается от жестокой темы отношений доминирования и господства, которые, меняясь по ходу произведения, постепенно приводят к борьбе, исход которой символически смертелен для одного из героев, если не для обоих.

#psychanalyse #Heidegger #Lacan #Freud #Bartok ➡️ La Chose et la guerre / #Ukraine #UkraineWar

24 Fév

La Chose et la guerre

Traînée de poudre ou bombe à retardement ? Effets de jouissance quand la mort est derrière la porte. Barbe-bleue !

Les psychanalystes peuvent relire Heidegger au moment sensible de rencontre incommensurable entre proximité de l’autre, sa souffrance, ses angoisses et les réminiscences de nos patients.

Au départ d’un patient ce matin, ce texte a télescopé après-coup cette rencontre improbable et pourtant proche avec la guerre et la mascarade ukrainienne.

“Qu’est-ce que la proximité, si elle demeure absente malgré la réduction des plus grandes distances aux plus petits intervalles’? Qu’est-ce que la proximité, si même elle est écartée par cet effort infatigable pour supprimer les distances? Qu’est-ce que la proximité, si en même temps qu’elle nous échappe, l’éloignement demeure absent?

Que se passe-t-il alors que, par la suppression des grandes distances, tout nous est également proche, également lointain? Quelle est cette uniformité, dans laquelle les choses ne sont ni près ni loin, où tout est pour ainsi dire sans distance ?

Dans le flot de l’uniformité sans distance, tout est emporté et confondu. Eh quoi? Ce rapprochement dans le sans-distance n’est-il pas encore plus inquiétant qu’un éclatement de toutes choses?

L’homme ne peut détacher sa pensée des suites que pourrait avoir l’explosion de la bombe atomique. L’homme ne voit pas ce qui, depuis déjà longtemps, est arrivé : ce qui s’est produit comme ce qui projette hors de soi la bombe atomique et son explosion, mais dont ce n’est encore là que la dernière éjection. Pour ne rien dire de cette unique bombe à hydrogène dont la détonation initiale, pensée dans ses possibilités les plus éloignées, pourrait suffire à éteindre toute vie sur terre. Qu’attend encore cette angoisse désemparée, alors que l’effroyable a déjà eu lieu?

Ce qui terrifie est ce qui fait sortir tout ce qui est de son être antérieur. Quelle est cette chose qui nous met hors de nous ? Elle se montre et se cache dans la manière dont tout est présent : à savoir en ceci que, malgré toutes les victoires sur la distance, la proximité de ce qui est demeure absente.

Qu’en est-il de la proximité? Comment appréhender son être? On ne peut, semble-t-il découvrir la proximité d’une façon immédiate. Nous y arriverons plutôt en nous laissant conduire par ce qui est dans la proximité. Est en elle ce que nous avons coutume d’appeler des choses. Mais qu’est-ce qu’une chose? L’homme, jusqu’à présent, a considéré la chose comme chose aussi peu que la proximité.

La cruche est une chose. Qu’est-ce que la cruche? Nous disons un vase: ce qui contient en soi une autre chose. Le contenant, dans la cruche, est le fond et la paroi. Ce tenant peut lui-même être tenu par l’anse. Comme vase, la cruche est quelque chose qui se tient en soi. Se tenir en soi caractérise la cruche comme quelque chose d’autonome. En tant que la « position autonome» (Selbststand) de quelque chose d’autonome, la cruche se distingue d’un objet (Gegenstand). Une chose autonome peut devenir un objet, si nous la plaçons devant nous, soit dans une perception immédiate, soit dans un souvenir qui la rend présente. Ce qui fait de la chose une chose ne réside cependant pas en ceci que la chose est un objet représenté; et cette «choséité» ne saurait non plus être aucunement déterminée à partir de l’objectivité de l’objet.”

Conférences de Brême. Publiée en français en 1958.

Heidegger, M. (1949), “La Chose”, Essais et conférences, Tel.

Cette Chose, précise Lacan, c’est « ce qui du réel – entendez ici un réel que nous n’avons pas encore à limiter, le réel dans sa totalité, aussi bien le réel qui est celui du sujet […] – [cette Chose c’est] ce qui, du réel primordial, dirons-nous, pâtit du signifiant »

Dans “L’éthique de la psychanalyse”.

Bartok et l’opéra éponyme.

En 1940, fuyant le régime nazi, il s’installe aux États-Unis dans des conditions précaires et donne des conférences et des concerts à deux pianos avec sa femme. Sans remporter le succès espéré, fatigué et miséreux, il reçoit in extremis le soutien de Yehudi Menuhin ou de Serge Koussevitzky qui lui commande le Concerto pour orchestre. Epuisé, il meurt à l’âge de 64 ans

Le Château de Barbe-Bleue impressionne durablement par la grande efficacité de sa dramaturgie amplifiée et par une formidable imagination sonore. Sans action à proprement parler, le drame se déroule dans une atmosphère de mystère et d’appréhension rythmée par un cheminement oppressant de porte en porte, chacune ouvrant sur un univers musical puissamment évocateur.

La sixième porte dissimule un lac de larmes et la dernière laisse apparaître les épouses précédentes, vivantes, se présentant majestueusement, couronnées et parées de bijoux. Barbe-Bleue remet alors à Judith un lourd manteau, une couronne et des bijoux. La jeune femme disparaît à son tour par la septième porte qui se referme sur elle laissant de nouveau le Duc à son invincible solitude.

« Aime-moi, tais-toi, n’interroge pas ! » supplie Barbe-Bleue. Mais la jeune Judith, qui entre dans la sombre demeure de son bien-aimé, ne l’entend pas. Fascinée par la face obscure et meurtrière de l’amour, en proie à la folle illusion de sauver l’homme qu’elle aime de la tragédie qu’elle soupçonne, dévorée par la curiosité et la jalousie, elle ouvre les sept portes des sept salles ruisselant de sang et de larmes dont elle a voulu les clés.

L’unique opéra de Béla Bartók, créé à Budapest en 1918, est puissamment inspiré par l’unique opéra de Debussy : Pelléas et Mélisande.

Un jour, on demandait à Pirandello, le grand auteur dramatique, quel était selon lui le plus grand mystère de la vie en société. Il répondit sans hésiter « le rapport entre la femme et l’homme ». Ce mystère est loin d’être élucidé et on aurait même tendance à penser qu’il s’épaissit à notre époque avec les « emprises », « les consentements non avoués » et les « féminicides impunis » …Mais aussi avec toutes les Judith des réseaux sociaux qui « égorgent » tous les méchants Holopherne.

L’auteur du livret, l’écrivain hongrois Béla Balász n’a gardé du conte de Perrault que la quintessence : le désir d’assouvir une curiosité.

Le personnage de Barbe-Bleue chez Bartok n’est pas le mari sanguinaire du conte mais un être porteur d’une souffrance cachée. Ce n’est pas de lui que va venir l’angoisse mais de Judith.

L’opéra se déploie à partir d’une thématique violente des rapports dominant-dominé qui, s’inversant au fil de l’œuvre, aboutit peu à peu à un combat dont l’issue est symboliquement mortelle pour l’un des protagonistes si ce n’est pour les deux.

#psychanalyse #education #Justice #criminalité

22 Fév

La grande absente.

“Toutes les époques n’ont pas réprimé de la même manière et avec la même force les femmes. Au XIVème et XVème siècle, les sorcières ont été massivement poursuivies.
Au XIXème siècle, les femmes qui sont arrêtées et jugées le sont presque toujours pour des crimes familiaux, notamment des infanticides, peu présents dans la presse.

Ce sont souvent des femmes criminelles condamnées à de longues peines, parce que si les tribunaux se montraient plus indulgents pour les femmes en correctionnelle, ils ne le sont pas pour les crimes jugés aux assises. Une femme infanticide déroge à ce que doit être son rôle de mère, mais la société et les jurys se montrent dans l’ensemble plus cléments et contribuent ainsi à la différence des sexes
en matière de délinquance.

En 1863, le législateur affirme que s’il est établi que l’enfant n’a pas vécu, à la suite d’un accouchement, il ne peut y avoir qu’un délit et non un crime. En revanche, la répression de l’avortement s’accentue à une époque où, après la guerre de 1870, la peur de manquer de bras et de soldats, à cause d’une possible dénatalité, suscite de la part de l’État une vigoureuse répression qu’accentuera encore le régime de Vichy.

En proportion, les femmes acquittées sont beaucoup plus nombreuses au tout début du XXème siècle, environ 64 % contre 28 % pour les hommes. La femme criminelle, reconnue coupable de brutalité ou d’un crime de sang, est présentée comme différente de ses consœurs.
Anormale, elle se rapproche de l’homme criminel. Les femmes ne sont donc qu’exceptionnellement des héroines de faits-divers, si l’on excepte quelques figures comme la Jégado, l’empoisonneuse bretonne ou Casque d’or, l’égérie des Apaches. Venus des hauteurs de Belleville, ces derniers, rejoints par d’autres bandes, souvent informelles, prennent possession des marges de la ville puis du cœur de la capitale où une population apeurée cherche à les éviter.

Cette microsociété rend un culte à la brutalité, mais s’agit-il d’une exaltation de la virilité?
Dans les imaginaires sociaux du passé, mais aussi dans la culture actuelle, la bagarre, l’outrance, l’excès, sont des excroissances quasi normales de la virilité. Les bagarres entre bandes à la sortie d’un cabaret au XIXème siècle appartenaient à un monde d’hommes.

Ce que répriment la police et la justice, c’est le désordre dans l’espace public. Dans le gangstérisme, il n’existait pas de place pour les femmes.
Bonnie Parker, devenue une héroine pendant la grande dépression américaine, est une exception. La différence dans la délinquance, voir dans la criminalité, peut s’expliquer, pour ces périodes révolues, par la différence de la place des hommes et des femmes dans la cité ainsi que par la différence public/privé.

Des études plus récentes sur les mauvaises filles, ces filles « perdues », prostituées ou hystériques, montrent que
si le sort des jeunes filles jugées, enfermées et redressées semble se répéter depuis le milieu du XIXème siècle jusqu’à la fin du siècle suivant, il n’en est rien.

Dans le sillage des mouvements féministes et des courants émancipateurs, elles prônent, à partir des années soixante, l’égalité – dans le groupe, les usages de la violence et de la délinquance – mais surtout elles revendiquent une liberté neuve, celle de leur corps et de leur destin. Elles se rebellent contre toutes les autorités, quitte à en payer le prix.”

Perrot, M. (2023), Punir et comprendre, Presses Universitaires de Rennes, P. 102-104.

L’Histoire éclaire les figures de la Sainte Mère, pleine de grâce, auréolée par la bienveillance dite civilisatrice.

La psychanalyse au quotidien révèle la perversion au féminin. L’exemple du Münchhausen par procuration a défrayé la chronique. C’est un Anglais, David Southall, qui, dans les années 1990, a placé des caméras video dans les chambres d’hôpital. On a vu ainsi en direct aux télévisions anglaise et américaine des mères étouffer leurs bébés, couper le tube à oxygène ou enfoncer leur doigt dans la gorge de l’enfant, puis demander de l’aide pour les réanimer.

Il existe des pulsions de mort, des jouissances mortifères beaucoup plus indicibles, inconscientes, dont les incidences restent impunies.

Une égalité Homme-Femme à venir face à la justice ?